Les nouveaux défis des agences immobilières à l’ère du numérique

"L’immobilier n’est évidemment pas un secteur économique comme un autre. A travers lui, c’est du logement dont il est question. Or le logement n’est pas un produit ; ou plutôt, avant d’être un produit lors des transactions, c’est d’abord un lieu de vie, c’est-à-dire un endroit où s’accomplit au quotidien l’aventure humaine. C’est là que nous vivons notre existence privée, qui nous touche et nous concerne infiniment plus que la vie professionnelle. C’est là que la famille se développe puis se rassemble. Le logement est à la fois un refuge en cas de malheur, un lieu de célébration et d’échange, un lieu de transmission entre générations, un incubateur de nos projets… Il n’est pas exagéré de dire ainsi que le logement est le véritable creuset de notre civilisation.

La civilisation moderne, il ne faut pas l’oublier, est apparue avec la sédentarisation de l’humanité. A partir de 9 000 avant notre ère, au Moyen-Orient, la domestication des animaux et l’agriculture ont permis ce qu’on appelle la « néolithisation», et avec elle l’apparition des habitats fixes, des villes et des administrations complexes qui en régissaient le fonctionnement. Le logement sédentaire est ainsi historiquement la condition et la matrice indirecte des nouvelles formes politiques qui ont été à l’origine de la société de droits dans laquelle nous vivons.

L’importance du logement n’est pas moindre aujourd’hui. Dans notre société fondée sur une sédentarité quasi obligée — le nomadisme n’est toléré que très difficilement —, le logement est devenu un devoir bien avant de devenir un droit1. L’Etat nous impose de disposer d’un lieu fixe de résidence. Sans toit, il n’y a pas d’accès réel possible à l’identité, autrement dit à la société elle-même, et a fortiori au monde du travail, à l’activité économique, à la création de valeur. C’est donc le logement qui nous définit réellement en tant que citoyen, donnant à notre vie un ancrage spatial essentiel — la « résidence principale »."